Compendium

Histoire de la pensée

Préhistoire

LE TROU TEMPOREL INEXPLICABLE DE LA PREHISTOIRE

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POURQUOI LA "PRÉ"HISTOIRE NE FAIT-ELLE PAS PARTIE DE L'HISTOIRE ?

La question de la « modernité comportementale » de l’Homo sapiens, c’est-à-dire du moment où l’espèce humaine a véritablement acquis des comportements complexes et culturels, reste un grand mystère de la paléoanthropologie. Pendant environ 150 000 ans après l’apparition anatomique de l’Homo sapiens, il n'y a pas de traces évidentes de culture, d'art ou de rituels. Cependant, environ 50 000 ans avant notre ère, une explosion culturelle se produit, marquée par l’apparition de l’art, des rituels, des bijoux, des sépultures et des outils sophistiqués. Ce phénomène a longtemps été interprété comme un « big bang culturel », lié à une mutation génétique, notamment du gène FOXP2, considéré comme le gène du langage.

Toutefois, des découvertes récentes bouleversent ce récit. Des vestiges trouvés en Afrique du Sud, en Israël, en Algérie et ailleurs montrent que des comportements symboliques et des innovations technologiques existaient bien avant 50 000 ans, parfois jusqu’à 160 000 ans ou plus. Même l’Homme de Néandertal, longtemps perçu comme un « primitif » sans culture, présente des signes de pensée complexe, comme des structures en grotte et des peintures. Cela remet en question la singularité exclusive de l’Homo sapiens. Plus anciennement encore, des gravures sur coquillages attribuées à Homo erectus datant de plus de 500 000 ans suggèrent que la pensée abstraite pourrait ne pas être une exclusivité des humains modernes.

Le récit traditionnel, centré sur l’Europe, où les premières fouilles paléolithiques ont eu lieu, a biaisé notre compréhension de l’évolution humaine. Cette vision eurocentrique a occulté des preuves plus anciennes et diversifiées découvertes ailleurs, notamment en Afrique, berceau de l’humanité. De plus, la modernité comportementale ne serait pas le fruit d’une mutation génétique unique, mais plutôt d’un processus complexe et non linéaire, impliquant des facteurs démographiques, des échanges sociaux, des innovations intermittentes et des pertes de savoir-faire.

En conclusion, la frontière entre « humain » et « préhumain » est floue. L’idée que l’Homo sapiens serait l’aboutissement unique et supérieur de l’évolution est une simplification. L’évolution humaine ressemble plutôt à un buisson complexe avec de nombreuses branches, certaines disparues, d’autres encore présentes. La modernité est donc une mosaïque d’innovations dispersées dans le temps et l’espace.

Cette réflexion invite à réévaluer notre place dans l’histoire de l’humanité, loin d’un récit linéaire et exclusif, en reconnaissant la richesse et la diversité des autres espèces humaines ayant coexisté avec nous.

 

 

 

 

Charlie Danger, née le 7 février 1996 à Saint-Nazaire, est une vidéaste web et vulgarisatrice française. Depuis 2014, elle anime la chaîne YouTube Les Revues du Monde, dédiée à la vulgarisation de l'histoire et de l'archéologie. 

Ayant grandi dans une famille passionnée par l'histoire, Charlie a développé un intérêt précoce pour le passé. Après des études en histoire de l'art et en archéologie, elle lance sa chaîne pour partager ses connaissances de manière accessible et divertissante. Ses vidéos couvrent une variété de sujets, des mythes anciens aux découvertes archéologiques, en passant par des analyses historiques détaillées.

En 2018, elle collabore avec le Musée du Louvre pour produire des vidéos sur les mythes égyptiens, renforçant ainsi sa crédibilité dans le domaine de la vulgarisation culturelle. En 2024, sa chaîne Les Revues du Monde compte près d'un million d'abonnés, témoignant de son succès dans la diffusion de contenus éducatifs auprès d'un large public.