VERITÉ HISTORIQUE, CODES CULTURELS ET IMAGINAIRE COLLECTIF

La fiction historique peut complètement bouleverser la vision que les individus se font de certaines époques et complètement altérer la réalité historique. De nombreux clichés historiques existent autour de périodes, d'événements, de façonS de vivre, ils concernent parfois des sociétés entières lorsque celles-ci semblent lointaines géographiquement et temporellement. 

Certaines époques sont glorifiées, d'autres décriées ou craintes, souvent parce que la fiction et l'art (littérature, cinéma, peinture) les décrivent plus ou moins artificiellement. Les artistes peuvent autant idéaliser et romantiser le cadre historique dans lequel se déroule leur œuvre que le noircir. Dans tous les cas, la vision que nous avons des différents passés est dénaturée. 

La Grèce antique et la Rome antique, qui ont duré respectivement 750 ans et 1229 ans, sont perçues comme deux sociétés uniformes avec les mêmes codes vestimentaires, culturels et religieux. Ce n'est bien évidemment pas le cas. Le Moyen-Âge, une période de 1000 ans, est perçu comme une époque sombre, intolérante, pendant laquelle les guerres et les maladies faisaient rage. Pourtant, la période dite Moderne qui démarre avec la Renaissance, a connu des conflits bien plus meurtriers, la peste continuait à apparaître et à réapparaître dans différentes régions du monde. L'époque Moderne marque également le début de la colonisation du monde par l'Occident puisque l'arrivé de Christophe Colomb en Amérique en 1492 est considérée comme la date clé de la transition avec le Moyen-Âge. Bien d'autres exemples existent et sont à décortiquer dans cette vidéo.

Les clichés historiques jouent un rôle majeur dans la manière dont nous percevons le passé. Par exemple, dans le film Troie, les armures et casques des guerriers sont anachroniques et ne correspondent pas à la véritable époque mycénienne de la guerre de Troie. Cette erreur est le résultat d’une transmission déformée de l’imagerie antique, influencée par les Romains et amplifiée pendant la Renaissance, qui a figé des représentations inexactes de cette époque.

La chasse aux sorcières est souvent vue comme un génocide massif orchestré par l’Église contre des femmes puissantes. En réalité, ce phénomène était plus complexe, souvent mené par des juges civils locaux et avec un nombre de victimes bien plus faible que ce qui est généralement présenté. La réappropriation féministe de l’image de la sorcière comme une figure de résistance, bien qu’importante, occulte parfois la diversité des victimes et simplifie une réalité historique plus nuancée.

L’Antiquité, souvent réduite à une opposition entre Grecs, Romains et Égyptiens, est une autre période historiquement simplifiée. Elle englobe en réalité plusieurs millénaires et une diversité culturelle bien plus vaste que celle généralement représentée dans les images populaires. Ces simplifications visuelles facilitent l’identification à une époque, mais elles omettent une richesse historique importante.

Le mythe du cowboy dans les westerns américains illustre également une distorsion historique. L’image du cowboy courageux et libre cache la réalité de conditions de travail précaires, souvent exercées par des personnes de couleur, y compris des Afro-Américains et des Amérindiens, une facette largement ignorée dans les représentations classiques de ce genre cinématographique. Ce mythe a renforcé une identité nationale américaine tout en occultant des aspects importants de la réalité sociale de l’époque.

Ces clichés, bien qu’inexactes, sont essentiels dans la construction de l’imaginaire collectif. Ils participent à une mémoire partagée qui, même si elle déforme le passé, suscite l’intérêt pour des événements historiques souvent méconnus. Cependant, il est crucial de déconstruire ces représentations pour permettre une compréhension plus précise et plus nuancée de l’histoire.