Repère 17

Ibé KONATÉ et Amadou BÂ

Le jour où les voitures ont disparu
et Un billet Vert
contes parus dans l’Envers du Jour
éditions Léo Scheer - 2000
lus par
Binta Mbaye (ex-étudiante SdS-MH promo 24) à 15h00
et Alphonse Clarou (auteur et éditeur, intervenant  en philosophie à SdS-MH) à 19h00

Le livre d'art des enfants errants, permier geste de Man-Keneen-Ki -  1996-99, paru en 2000

 

Le jour où les voitures ont disparu et Un billet Vert, ont été écrits de 1996 à 1997, par Ibé et Amadou, les deux premiers enfants pensionnaires de Man-Keneen-Ki, alors qu'il ne savaient pas encore écrire. Ils l'ont dicté à JM Bruyère, lors de longues séances quotidiennes d'écriture. Les deux enfants, très amis et liés dans la rue, sont à l'origine de la fondation de la Man-Keneen-Ki, la maison d'arts et de soins des enfants errants. Ce sont eux qui ont imaginé le premier aspect et premier fonctionnement de la maison, pour répondre à cette double question que leur avait posée JM Bruyère ; "À quoi ressemblerait une maison d'accueil dans laquelle vous accepteriez d'habiter et seriez heureux de le faire ? quelles seraient ses fonctions et son fonctionnement ?"

Les récits ont été imaginés entre les mois de novembre 1996 et avril 1997. Chaque récit est le fruit de plusieurs semaines de travail, durant lesquelles les enfants d'abord dégageaient la structure générale d'un récit, puis en choisissaient et dictaient une à une les phrases directement transcrites en français sur un cahier. Plus tard, au moment de la saisie des textes, ils sont revenus à plusieurs reprises sur l'écriture, ont changé des blocs et chapitres entiers, corrigé ou complété.

 

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Ibé Konaté, Dakar 2002

 

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Amadou Bâ, Dakar 1996

 

Ibé est aujourd'hui père de 3 enfants. Il est mécanicien automobile, exerce dans un garage de la banlieue de Dakar. Dans les échanges réguliers, il dit volontiers qu'il n'est pas très heureux, qu'il se sent à l'étroit, qu'il aurait voulu une vie "plus grande". Amadou, quant à lui s'est échappé dans la folie. Adolescent multi-traumatisé comme Ibé, Amadou a vu sa santé mentale se dégrader inexorablement, sans qu'aucun traitement médical ne réussisse. Il a rejoint depuis de longues années le monde célèbres des "fous de Dakar", reprenant à la fois la vie errante et son voyage intérieur.
 

"Dis, pourquoi on écrit toute cette merde ? Qui va lire ça ? Tu crois que quelqu’un va lire ça ? Non, personne lira ça, le monde s’en fout de notre vie à la con… ça changera rien. Tu crois que si le monde pouvait changer il se serait aller jusque-là ? " Amadou Ba

 

"Chacun sa merde, d’accord. Mais il ne faut pas exagérer. Celui qui me regarde pas, je le vois pas et on est quittes. Mais celui qui rit de moi, c’est un connard et si je le vois, je l’insulte. Et celui qui pleure sur moi, alors celui-là, je le déteste. Si je peux, si j’en ai l’occasion, je lui défonce le crâne avec une pierre." Ibé Konaté