LES ETATS-UNIS : PROTECTEURS DU MONDE LIBRE ? 

En 1776, les États-Unis proclament leur indépendance face au Royaume-Uni et font leur entrée sur la scène des relations internationales. Contrairement à l'image actuelle, les États-Unis ont longtemps prôné une politique isolationniste, fondée notamment sur la doctrine Monroe de 1823, qui reposait sur deux principes majeurs :

• la non-intervention de l’Europe dans les affaires américaines
• l'absence d'implication des États-Unis dans les conflits européens, se concentrant ainsi sur leur développement interne.

Cette neutralité fut rompue pour la première fois en 1917, avec l'entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. Après la guerre, Woodrow Wilson propose la création de la Société des Nations (SDN) pour préserver la paix mondiale, mais le Sénat refuse d'y adhérer, préférant maintenir une priorité sur la politique intérieure et lutter contre le bolchévisme. Dans les années 1930, face à la montée du nazisme et du fascisme, les États-Unis gardent leur statut de nation neutre, jusqu’au bombardement de Pearl Harbor en 1942 par le Japon, ce qui les pousse à entrer dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés.

Après la victoire des Alliés en 1945, les États-Unis, désormais en position de force, s’impliquent activement en Europe face à l'URSS, marquant le début d’une ère interventionniste. Ils utiliseront leur puissance économique, politique et idéologique pour remporter la Guerre froide et instaurer un nouvel ordre mondial entre les années 1990 et 2010, dans lequel ils se voyaient comme les leaders incontestés.

Entre 2017 et 2021, Donald Trump prône un retour à la doctrine isolationniste, qu’il considère comme un gage de la grandeur passée des États-Unis, sans toutefois réussir à la concrétiser totalement. En 2020, il est battu par Joe Biden, représentant d’un modèle interventionniste néolibéral. Cependant, Trump récupère le pouvoir en 2025, alors que la guerre en Ukraine fait rage et que la situation du peuple palestinien est de plus en plus tragique. Plus déterminé que jamais, il semble vouloir renfermer les États-Unis sur eux-mêmes, marquant ainsi un retour à ses idéaux isolationnistes.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron annonce en mars 2025 le doublement du budget des armées françaises sur dix ans, face à un recul progressif du soutien militaire américain en Europe et une montée des menaces, notamment russes. Malgré les difficultés sociales internes, l'augmentation des dépenses militaires est présentée comme une nécessité face aux évolutions sécuritaires mondiales. Cette décision s'inscrit dans un contexte géopolitique où les relations transatlantiques, bien que toujours présentes, sont fragilisées par un recentrage des États-Unis sur leurs intérêts nationaux.

L’Europe, bien que disposant d'une armée nombreuse, souffre d’un manque de coordination et d'un commandement centralisé, fragilisant son autonomie stratégique. La dépendance technologique vis-à-vis des États-Unis, notamment pour des équipements comme le F-35 ou le renseignement spatial, accentue cette vulnérabilité. Face à cette situation, la France et ses partenaires européens sont contraints de prendre des décisions budgétaires difficiles pour renforcer leur défense, malgré la pression économique sur leurs citoyens. La montée en puissance militaire russe, à travers le conflit ukrainien, renforce l'urgence d'une défense européenne plus autonome.

Enfin, la question de la réappropriation politique et citoyenne des enjeux de défense devient incontournable. Longtemps abandonnée à l’extrême droite ou marginalisée à gauche, la sécurité collective est désormais un enjeu fondamental, nécessitant un engagement clair, pragmatique et réfléchi pour faire face à un monde de plus en plus instable et multipolaire.