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CaD_1#8

RÉPONSE À L’ÉTUDIANTE MALY BOUROUROU

NAN GOLDIN “My Life Is My Work”


Série All by Myself, Détail, Nan Goldin

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Nan Goldin, née en 1953, est une photographe américaine.
Son travail est internationalement reconnu et désormais exposé dans les plus grands musées d’art contemporain.

Elle fait partie d’un groupe appelé en 1995 L'École de Boston, mais c’est avant tout un groupe d’amis très liés :

Nan Goldin
David Armstrong
Mark Morrisoe
Jack Pierson
Philip-Lorca diCorcia

Ils se rencontrent à l'école des beaux-arts de Boston, ils s’installent tous ensemble à New-York à la fin des années 70 et font de la photographie.

“David et moi, nous partagions des amis, de l’argent, des drogues, des fringues, et à l’occasion, des amants.”

Leur langage photographique est très personnel et intimiste.



Nan, David, Mark, Jack et Philip : 5 attitudes photographiques


Les photos des 5 artistes ont plusieurs points communs :

  • ce sont des photos intimes
  • elles sont basées sur le rapport émotionnel entre le photographe et le sujet
  • le format des photos est généralement panoramique, excepté pour Armstrong
  • les références à la peinture sont évidentes

 

=> Portrait et pose classique pour David Armstrong


Photo, David Armstrong

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Andrew in Dog Collar, New York, 1994, David Armstrong

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Kevin at St. Luke’s Place, New-York, 1977, David Armstrong

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voir plus de photos de David Armstrong



=> Référence au modèle et au cinéma pour Philip-Lorca diCorcia


Pics. Philip-Lorca diCorcia

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Major Tom, 20 ans, Kansas City, Kansas, 20$, Philip-Lorca diCorcia

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Entre 1990 et 1992, Philip-Lorca diCorcia a créé une série de photos intitulée Hustlers.
Tous ses modèles sont des hommes prostitués du “Boystown” de Los Angeles (quartier West Hollywood).

Le titre des photos précise le nom, l’âge, la ville natale et le tarif de la passe.
Même si les clichés ont un aspect très spontané, Philip-Lorca diCorcia a d’abord sélectionné des lieux et effectué des tests de lumière avant même de trouver les “modèles”.


Catherine, 1981, Philip-Lorca diCorcia

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voir plus de photos de Philip-Lorca diCorcia

 

=> Référence et détournement de peintures anciennes pour Mark Morrisroe


Untitled (Eye), n.d.

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After the Laone (In the Home of a London Rubber Fetishist), Dec 82

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Pics. Mark Morrisroe

Lonely Bird, 1985, Mark Morrisroe

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=> Influence de l'Impressionnisme dans certaines photos de Jack Pierson


Twilight Time, 1997, Jack Pierson

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Downing Street Fire Escape, Morning, 1997, Jack Pierson

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Clear Lake, Iowa, 1996, Jack Pierson

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Mes ami.es, mes amants, ma vie


Nan Goldin, dans ses photos, exprime ses sensations, ses émotions et ses relations avec l’autre.

Les regards, dans ses photos, sont essentiels.

Elle photographie uniquement ses amis, ses amants et le milieu dans lequel ils vivent, c’est-à-dire le milieu underground new yorkais des années 70 à 90, où le sexe, la drogue, l’alcool et la violence sont très présents.

Elle fréquente beaucoup le milieu LGBT et celui de la prostitution.

Les photos de Nan Goldin racontent ses amitiés et ses amours, la solitude et la fragilité, les moments heureux comme ceux tragiques, la beauté, le désir et la mort.

Elle réunira ces photos prises entre 1979 et 1995 en un Diaporama (684 diapositives avec bande-son) : The Ballad of Sexual Dependency, exposant ce que l’Amérique refuse de voir.


Smoky Car, New Hampshire, 1979, Nan Goldin

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Rise and Monty Kissing, NYC, 1980, Nan Goldin

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Nan and Brian in Bed, NYC, 1983, Nan Goldin

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Valérie and Gotscho Embraced, Paris, 1991, Nan Goldin

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Greer and Robert on the bed, NYC, 1982, Nan Goldin

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Kim and Mark in the Red Car, Newton, MA, 1978, Nan Goldin   

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David at Grove Street, Boston, 1972, Nan Goldin

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Ivy in the Boston Garden, Boston, 1973, Nan Goldin

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Misty and Jimmy Paulette in a taxi, NYC, 1992, Nan Goldin 

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Amanda crying on my bed, Berlin, 1992, Nan Goldin

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French Chris on the convertible, NYC, 1979, Nan Goldin

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Gina at Bruce’s Dinner Party, NYC, 1991, Nan Goldin

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Picnic on the Esplanade, Boston, 1973, Nan Goldin

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La Mort


Nan Goldin, partie du domicile familial à 14 ans, grandira au sein de cette nouvelle famille choisie, aux allures de communauté destroy, qu’elle trouve rassurante, même dans la violence, le travestissement, la drogue, le sexe, l’alcool…
Elle aime la liberté, la marginalité, le décalé, l’anti-conformisme, le “en-dehors” d’une vie sociale rangée.

Nan Goldin photographie seulement les gens qu’elle connaît et seulement cet instant présent : un instant précis du vivant.

La temporalité est devenue importante pour elle, parce que la mort est très présente : overdoses, morts violentes, victimes du sida font partie de sa vie, de son quotidien : ses deux meilleurs amis, Cookie Muller et David Armstrong (photographe du groupe) sont morts du sida en 1989.

Elle voit l’anéantissement physique et mental des êtres.
Elle connaît le côté tragique et éphémère de la vie.

Ses photos luttent contre l’oubli, contre l’effacement de personnes dont peu se souviendront, car exclus socialement, réfugiés du côté de l’illégalité, plutôt que de celui de la reconnaissance.

Nan Goldin a décidé de faire de la photographie quand elle a réalisé que le souvenir visuel de sa sœur, suicidée, s’effaçait peu à peu.


Cookie at Vittorio’s Casket, NYC, 1989, Nan Goldin

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Son amie et muse Cookie Mueller


Elle photographie sa meilleure amie, Cookie Mueller, entre 1976 et 1989, année de sa mort.
Elle regroupe tous ces clichés en une série qui porte son nom.

Cette œuvre est pour Nan Goldin la plus importante : Cookie Mueller, à la fois actrice, strip-teaseuse, écrivaine, styliste et muse, est pour la photographe la femme qui personnifie son époque, son temps, telle une idole moderne, une “social light” de l’underground, l’image d’une sainte contemporaine.


Cookie in Tin Pan Alley, NYC, 1983, Nan Goldin

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Cookie and Millie in the Girl’s room at the Mudd Club, NYC, 1979, Nan Goldin

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Cookie in Hawaii 5.0 Bathroom, NYC, 1986, Nan Goldin

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Les marginaux : l’influence de Diane Arbus


Nan Goldin choisit de photographier cet univers, parce qu’il est le sien, mais aussi parce qu’elle connaît et admire les photos de Diane Arbus (1923-1971) qui a consacré une partie de son travail aux portraits de marginaux, d’originaux, afin de dresser un panorama de l’Amérique des années 60 assez loin de l’american dream.


Jack Dracula at a bar, New London, 1961, Diane Arbus

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Jeune homme aux bigoudis chez lui, 20ème rue, NYC, 1966, Diane Arbus

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Pics. Diane Arbus



Andy Wahrol  : 15 minutes de célébrité pour tous


Nan Goldin est plus médiatrice que créatrice, mais elle assume parfaitement ce rôle.

Elle sert de médiatrice pour ses amis face à leur propre identité. Elle les encourage à être eux-mêmes devant l’objectif, ne garde que les clichés dans lesquels ils se reconnaissent et pense que se voir en photo aide à s’assumer tel qu’on est, comme une manière de se réapproprier son corps.
La présence du miroir dans nombre de ses portraits et autoportraits pourraient s’expliquer aussi de cette manière.

Elle ne souhaite pas donner à ses amis devenus ses modèles une existence fictive.
Elle veut exprimer une réalité, elle n’aime donc pas le portrait unique, mais préfère selon ses termes “l’accumulation de portraits pour présenter une personne de façon pertinente”.

Ses photos sont aussi une manière de remettre ceux qu’elle aime dans le monde dont ils sont exclus :

  • Photographier le cercle intime de ses amis pour les rendre sensationnels le temps d’un cliché.
  • Faire de ses amis, le temps d’une photo, des “Super Stars”, leur faire connaître la gloire, les rendre éternels, “mais beaucoup de mes Superstars sont mortes, c’est ça le problème”, ajoute t-elle.

Cette déclaration rappelle la phrase d’Andy Warhol, inventeur du Pop Art, prononcée en 1968 :

“À l’avenir, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité.”


Lui aussi avait fondé une sorte de communauté artistique à New-York en 1964 : La Factory


Party à la factory, NYC, Août 1965

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All by Myself


Les photos de Nan Goldin sont des traces.

“J'ai documenté ma vie”, écrit-elle.

Ses photos sont comme “une voix qu’on ne censure pas, qu’on ne peut pas contraindre au silence et qui ne peut pas non plus disparaître ni se perdre”, N.Goldin.

Elle crée ainsi le diaporama All By Myself en 1995 : ses autoportraits montrent de façon crue et directe la souffrance physique (visage meurtri par les coups assénés par son compagnon), la dépression (cure de désintoxication en 1988), le délabrement, l’amour, le désir et la vulnérabilité que celui-ci engendre.


Nan, one month after being battered, 1984, Nan Goldin

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Self Portrait in my blue bathroom, Berlin, 1991, Nan Goldin

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Self Portrait in blue bathroom, London, 1980, Nan Goldin

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Self Portrait in the Mirror, The Lodge, Belmont, MA, 1988, Nan Goldin

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Clinic at the Hospital, Belmont, MA, 1988, Nan Goldin

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La Documentation : l’influence d’August Sander


L’aspect documentaire des photos de Nan Goldin est appuyé par les titres qui précisent le nom, le lieu, la date… comme une façon d’archiver, exactement comme le faisait Diane Arbus.

La photo comme trace, comme documentation, lui a été inspirée par le photographe allemand August Sander (1876-1964) dont elle connaît l’œuvre.

À partir de 1910, August Sander photographie plus de 500 000 Allemands, afin d’établir une documentation visuelle sur les diverses composantes de la société allemande. Les Nazis ont détruit ses négatifs et son projet fut anéanti.


Pics. August Sander, Manœuvre, 1928, August Sander

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Pics. August Sander

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Pics. August Sander, Artistes de cirque, 1926-32, August Sander

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Pics. August Sander, Black boy, Washington Park Square, NYC, 1965, August Sander

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Le travestissement


En photographiant ses ami.e.s transes et les Drag Queens, Nan Goldin questionne aussi l’identité sexuelle et le clivage féminin/masculin.

Elle ne photographie pas ses amis travestis lorsqu’ils ont terminé leur métamorphose, mais toujours pendant leur préparation, en tant que démarche libre et volontaire.

Elle questionne la normalité et l’ambiguïté du corps, ses métamorphoses possibles.


Misty doing her make-up, Paris, 1991, Nan Goldin

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Misty, Taboo, and Jimmy Paulette Dressing, NYC, 1991, Nan Goldin

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Joey is my Vanity Mirror, NYC, 2000, Nan Goldin

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Jimmy Paulette and Taboo in the Bathroom, NYC, 1991, Nan Goldin

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Yogo putting on Powder, Second trip to Bangkok, 1992, Nan Goldin

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Joey in my Mirror, Berlin, 1992, Nan Goldin

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L’impression de naturel et de spontanéité ne signifie pas absence de travail


L’œuvre de Nan Goldin est donc intimiste, documentaire et autobiographique.

Elle parle d’amour et de destruction, de vie et de mort.

Ses photos nous font partager une intimité.
Si, en tant que spectateur, cette intimité devient visible et nous touche, si nous percevons l’amitié, la bienveillance et l’empathie du regard de la photographe, c’est parce qu’elles sont le fruit d’un travail précis de lumière, de pose, de mise en scène, de choix des couleurs, de cadrage.

Nan Goldin n’ignore rien de la manière dont les médias, la publicité, la mode mettent en scène les gens.
Si le sujet de ses photos est marginal, le travail pour obtenir sa photo ne l’est pas.

Elle recherche un côté glamour et crée volontairement un décalage entre la nature et le traitement de son sujet.

Elle parvient à pénétrer et à donner à voir l’intimité par les moyens du documentaire quasi anthropologique avec un résultat esthétique, artistique.

Ses photos “prises sur le vif” allient réalisme brutal et puissance émotionnelle.
 

Hotel Room, Zurich, 1988, Nan Goldin

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Travaux étudiants

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"La colère chez moi ne vient pas d'emblée"