Compendium
CaD Création
CaD_1#3
RÉPONSE À L’ÉTUDIANT NICOLAS ORSINI
LES PAÑOS
Paño est le diminutif de “panuelo” qui signifie mouchoir en espagnol.
Cet objet est né dans les prisons américaines du Texas, de Californie ou du Nouveau Mexique.
Il a été conçu par les prisonniers mexicains incarcérés aux États-Unis.
Ce sont donc de petits carrés de tissus sur lesquels les détenus dessinent.
Ces Paños leur permettaient alors d’adresser à leur famille, à leurs proches, des messages dessinés, comme une carte postale faite avec les moyens du bord.
Les plus anciens connus datent de 1934, à cette époque les prisonniers mexicains étaient pour la plupart illettrés, le mouchoir faisait partie du trousseau qu’on leur donnait. Ils dessinaient souvent avec du café.
C’est ensuite devenu une tradition. Beaucoup datent des années 90 et 2000.
Ils sont en noir et blanc ou en couleurs.
La précision du trait et le sens du détail sont remarquables.
Les thèmes les plus courants sont :
- l’amour et le sexe
- la violence
- les grosses cylindrées
- les comics et les dessins animés
- la religion catholique
Selon le destinataire du Paño, le thème est différent. Mickey est souvent réservé aux enfants.
C’est donc un objet qui a une utilité bien précise, qui s’adresse d’abord à la sphère intime et privée, mais qui devient un objet d’art populaire.
Ils sont le fruit d’un artisanat, mais leur puissance expressive les fait entrer dans le monde de l’art.
Cet art rappelle aussi beaucoup celui du tatouage et du graffiti.
CY TWOMBLY
Cy Twombly est un peintre, dessinateur, sculpteur et photographe américain né en 1928 et mort en 2011.
Twombly est un peintre abstrait.
L’abstraction en art s’oppose à la représentation qui, elle, figure ou raconte.
Il fait partie de la deuxième génération du mouvement abstrait aux US que l’on a appelé l'Expressionnisme abstrait.
Les formes ne représentent pas, elles expriment.
L’œuvre de Twombly est graphique, poétique, elle n’est pas logique, elle ne répond pas à un ordre des choses.
Elle est comme un défoulement, une affirmation de soi, mais aussi son refus.
Son geste est furtif.
Il n’a pas une seule technique et ne veut pas exprimer la même chose dans chaque tableau ou dessin.
Beaucoup de ses tableaux sont des surfaces blanches sur lesquelles il peint :
- des signes
- des chiffres
- des croix
- des symboles
- des schémas géométriques
- des traces de matières corporelles faites avec ses doigts
- des inscriptions de noms de dieux ou de héros antiques
- des traits en forme de boucles ou en hachures au crayon gris ou au crayon de couleur
Il mélange alors des lettres minuscules et des lettres capitales.
Il rature certains mots, les plus simples.
Mais quand la peinture est finie, la majorité de la toile reste une surface blanche et vide.
Sa palette (les teintes qu’il choisit) est très proche de celle sécrétée par le corps humain :
- du rouge au rose
- du marron-brun au blanc-crème
Les titres de ses œuvres font référence à la culture classique et à la mythologie.
Son œuvre évolue tout au long de sa vie d’artiste : des formes amples viendront remplacer les gribouillages nerveux.
Il enrichit sa palette par des rouges et des jaunes très intenses.
Twombly est un très grand coloriste.
De nouveaux motifs apparaîtront, comme les roses et les pivoines accompagnées de vers de la poésie classique.
Il ne fait aucune hiérarchie entre peinture et dessin. Il utilise les deux supports et son art est aussi puissant sur papier que sur toile.
Twombly confronte donc deux univers et les fait fusionner dans ses dessins :
- l’un primitif : celui de l’enfance et du corps
- l’autre issu de la culture classique et du savoir
Dans l’Antiquité, il y avait les Dieux et il y avait les Hommes.
Les mythes racontaient la vie des Dieux et expliquaient le Monde et l’Univers aux Hommes.
Les peintures de Twombly sont comme des rappels de l’Origine. Ils luttent contre son oubli.